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De la smart city à la « clever city » : la boîte à outils de la ville astucieuse (Angers Technopole)

De la smart city à la « clever city » : la boîte à outils de la ville astucieuse (Angers Technopole)

Le 23 novembre 2011 - Par qui vous parle de , , ,

Quelles alternatives proposer face à une vision techno-centrée des futurs urbains ? Sujet brûlant, tant la démocratisation de la « ville hybride » dans le paysage politico-médiatique s’accompagne principalement d’imaginaires stéréotypés, hâtivement résumés par l’équation simpliste mais efficace : « ville numérique = smart city = ville intelligente = ville idéale ». Une vision que je suis évidemment loin de partager, le souci venant à mon sens de ce que l’on met derrière ce fameux smart. Parle-t-on d’optimisation à outrance grâce aux technologies – comme c’est souvent le cas aujourd’hui -, ou bien de quelque chose de plus subtil ?

J’ai eu le plaisir de discuter de ce sujet ce lundi soir, lors d’un scénario pour l’avenir organisé par Angers Technopole autour de la problématique suivante : « Ville numérique, complexe, sans limite… entre utopie et réalisme ? » Dans mon baluchon, une (longue) présentation au cours de laquelle j’ai proposé le concept de « clever city » – la « ville astucieuse« , en écho à la « ville agile » -, afin de contrer celui de la « smart city« , largement dominant et d’ailleurs pas franchement approprié. Un glissement sémantique qui ne fait que recouvrir une réalité partagée par nombre de mes collègues ((la liste serait longue, mais on mettra Nico, Fabien,  Boris, Emile, Loïc, ou Bruno dans le paquet, puisque c’est grâce à leurs réflexions que ces idées ont mûrit dans ma tête)), défenseurs réguliers d’une autre vision de la ville numérique.

A quoi ressemblerait donc cette ville astucieuse ? Après une première partie consacrée à cette épineuse question des définitions de la ville numérique, vous trouverez dans ce powerpoint un bref inventaire d’innovations (évidemment non exhaustif), qui me semblent répondre à leur manière à ce nécessaire changement de perspective sur les enjeux et besoins des territoires hybrides. Certains y répondent évidemment mieux que d’autres… mais l’enjeu est d’ouvrir les horizons de la créativité, pas de faire un catalogue des meilleurs élèves.

Enfin, vous retrouverez en conclusion le concept « d’utopie pudique » suivi d’une invitation à prendre pour objectif le concept de « wise city » – « la ville judicieuse » -, comme horizon urbain enfin désirable. La ville du futur sera sage ou ne sera pas ! (NB : mais la sagesse n’empêche évidemment pas le dévergondage, hein ^^)

Bonne lecture, et merci à Olivier et Estelle pour leur invitation (ainsi qu’à Alain pour le relai) !

PS : sur le sujet, lire notamment cette belle tribune de Saskia Sassen qui a grandement influencé ma présentation : Talking back to your intelligent city, ainsi que cet entretien complémentaire réalisé par Liftlab en amont de Lift France 2011 (voire aussi ici).

Au passage, certains remarqueront peut-être que le terme « clever city » pour parler de ville numérique a déjà été utilisé dans une vidéo pour Thalès (découverte après coup), qui reprend malheureusement tous les stéréotypes les plus critiquables de la « smart city », la logique sécuritaire en exergue. Et rien que pour ça, je suis plus qu’heureux de proposer « ma » version de la clever city…

6 commentaires

  • tout a fait d’accord pour trouver une image loin du stéréotype techno-centré : le principe de la boite à outils – instrument de l’innovation ouverte par excellence – marche bien dans certains secteurs, pourquoi pas la ville ? en plus ça ferait plaisir à Leroy-Merlin.
    Lyon est aussi dans les méandres de cette réflexion : comment se positionner comme ville connectée, pratique et éditable par l’utilisateur dans le florilège des villes du monde ? quel image donner ? peut-on réaliser un point fort de cette tendance globale et l’utiliser comme facteur de différentiation à un niveau mondial, sans qu’il fasse de l’ombre aux facteurs positifs existants ? (la fete de la lumiere, la gastronomie, les biotech, les jeux video etc.)

    • Effectivement, je crois qu’il y a là matière à se différencier d’autres territoires, plus enclins à suivre la mode technophile. « Jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction », comme dirait l’autre !

  • J’aurai bien assisté au talk qui accompagnait cette présentation :)

  • super synthèse ;)

  • J’aime beaucoup la conclusion de cet article de Béatrice Vacher sur les « Oubli, étourderie, ruse et bricolage organisés » :

    Le paradoxe de notre société contemporaine n’est pas une contradiction pour le français : la raison impose ses principes universels à travers les normes (et aujourd’hui à grand renfort d’électronique), la tradition impose qu’on
    déroge à « la religion (serait-ce celle de la raison) » si celle-ci oblige à « se rabaisser à un ordre inférieur »

    Pour moi, cela illustre bien la manière dont les gens pourraient dépasser les paradoxes de la « smart city » par le bricolage et la ruse !

    J’en profite pour partager avec vous ma petite collection de « bricolages urbains » que j’ai repérés à droite et à gauche : http://urbanbricolage.tumblr.com/

    Et puis, Philippe, je te dis encore bravo pour cette superbe réflexion prospective !

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