Ne parlez plus de Génération Y, mais de « Génération G » comme Généreuse. C’est ce que nous explique trendwatching.com, relayé par l’excellente newsletter de Curiouser qui y voit « l’émergence d’une culture digitale du partage, où les individus échangent, donnent, s’engagent, créent, collaborent . Selon une récente étude « The New Sharing Economy », les médias sociaux seraient le catalyseur d’une économie de partage offline », annonçant le passage « d’une économie de la propriété vers une économie de l’accès ».
C’est joli, peut-être un peu trop pour être totalement entendu par certains, mais qu’importe : il s’agit d’ores et déjà d’une réalité pour de nombreux territoires, qui les encadrent voire les promeuvent (on pense au vélo en libre service). Tous les secteurs sont en passe d’être touchés : de l’automobile (covoiturage, autopartage, stationnement) aux espaces de travail (tiers-lieux ouverts, espaces de co-working), en passant par les vêtements, les appareils électroménagers et bien entendu les contenus media, qu’ils soient physiques (exemple avec le « bookcrossing »)… ou numériques.
Tous ? Non ! Quelques irréductibles se refusent à abandonner leur droit de propriété (malheureusement pour eux) ; suivez mon regard, vous voyez de qui je veux parler. Les lobbys fourbissent donc leurs armes, obsolètes avant même de voir le jour (cf. Hadopi). C’était sans compter sur la résistance du camp d’en face ; car côté « pirates » aussi, on s’active. Certains développent de nouveaux outils de téléchargement plus discrets, d’autres diffusent des manuels permettant de contourner les mouchards… et d’autres enfin envisagent de redonner du sens à l’expression « pair à pair».
Afin de contourner les restrictions croissantes au partage de fichiers en ligne, l’artiste berlinois Aram Batholl a décidé de sévir en concevant le projet « Dead Drops » : puisqu’il est illégal de partager sur la Toile, partageons dans la rue ! Le projet n’est finalement qu’une version « extended » du bon vieux partage de K7 / VHS / CD gravé – biffez les mentions inutiles -, et c’est aussi simple que génial :
« ‘Dead Drops’ is an anonymous, offline, peer to peer file-sharing network in public space. USB flash drives are embedded into walls, buildings and curbs accessable to anybody in public space. Everyone is invited to drop or find files on a dead drop. Plug your laptop to a wall, house or pole to share your favorite files and data. Each dead drop is installed empty except a readme.txt file explaining the project. ‘Dead Drops’ is open to participation. If you want to install a dead drop in your city/neighborhood follow the ‘how to’ instructions and submit the location and pictures. »
Traduction approximative :
« ‘Dead Drops’ est un réseau de partage de fichiers de pair à pair (P2P), anonyme et offline, prenant place dans l’espace public. Des clés USB sont intégrés dans les murs de la ville, et accessibles à n’importe qui. Chacun est invité à déposer ou à récupérer des fichiers en connectant son ordinateur portable à un « mur ». Chaque clé USB est installée sans données, à l’exception d’un fichier-texte expliquant le projet. ‘Dead Drops’ est un projet ouvert. Si vous souhaitez installer une clé dans votre ville, suivez le guide, puis partagez la localisation et des images de l’installation. »
La première clé USB a été installée à New York en octobre dernier. On compte aujourd’hui 53 clés dispersées à travers le monde, principalement en Europe et aux USA, pour environ 137 Go de mémoire prête-à-partager.
Soyons chauvin : on en compte 3 sur le fier territoire parisien ! La première a été installée dans le Jardin du Carrousel, une autre trône dans le 14e sur un mur coloré ; last but not least, une clé s’est camouflée sur le Pont des Arts, au milieu des centaines de cadenas accrochés là par les touristes amoureux. Ou quand la poésie se greffe à l’acte militant.
Et maintenant, à nous / vous de jouer ! Laissez parler votre coeur de pirate énervé… :-)
Merci à T-Raf, chez qui j’ai pioché l’idée :-)
Dead Drops c’est une sorte de resucée geek du hoax sur les seringues contaminées dissimulées dans les sièges au cinéma. Barebacking 2.0.
Limite, tu pourrais en faire un billet. Sur Ville et sérophobie. #Partage ta science, jeune gredin.
Non mais sérieusement ça ne t’a pas frappé ? Je ne donnerais pas mon ptit port à n’importe quelle excroissance usbique croisée dans la rue, surtout sur le pont des arts.
Je creuse le sujet.
Excellent ! Tu peux être sûr que quelques « dead drops » iront se faufiler dans les rues d’Oxford, puis Londres, puis un peu partout dans les rues de Paris quand je serai rentré… Je trouve cette idée brillante ! Partager notre culture, musique, savoir, etc.. au monde tout en restant hors ligne et à l’aide d’une simple clé USB je trouve l’idée brillante !
Si vous avez besoin d’un outil pas cher et joli pour installer des clés usb en ville: sugru.com! enjoy
Mouais, ça vaut quand même la peau des fesses Suguru (donc pas chèr, il faudra repasser).
Autant acheter un tube de mastic dans le commerce …. pour max 5€, ça cale et colmate l’installation de la clé.