« Vous avez visité Riga ? me demanda-t-elle. Comment trouvez-vous la ville ? »
Je lui dis que j’aimais ce genre de villes.
« Elle ne vous parait pas trop grise ? »
Je fis un signe de tête négatif.
« Et vos villes à vous, comment sont-elles ?
– Blanches », dis-je sans réfléchir.
« C’est curieux, fit-elle, je rêve de voir des villes blanches. »
Je lui aurais bien dit que nos villes étaient bleues, comme je l’avais dit une fois à une jeune et naïve Ukrainienne, à Yalta, l’hiver précédent ; mais elle était trop charmante et je commençais maintenant à surveiller mes propos. »
Ismail Kadare, Le crépuscule des dieux de la steppe (1981)
*Et c’est ainsi, trois ans après la fin de mes études de géographies, que j’ai enfin compris l’intérêt de mes compétences « d’analyste de la ville » \o/
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Plus sérieusement, sur les liens entre amour et géographie urbaine : lire The City As A Marriage Market chez les cousins de The Pop-Up City. Où l’on apprend ainsi que :
« While in the olden days we geographers had to learn that people migrate to the city in order to find a job, eventually the economists – at least those at the Vrije Universiteit in Amsterdam – found out that people do not move to the city as much for work as they do for finding a partner. »
J’adore cette conclusion merveilleuse (et très peu « urbaine », pour le coup !) :
« Therefore, attractive people mostly live in big cities whereas unattractive people especially inhabit rural areas. “Everybody happy, because unattractive people will not easily find a partner in the city anyway.” »
ainsi que cette amusante punchline tirée d’une autre étude :
« Sex in the City is not just a slogan, it is an important fundament for Amsterdam’s economic success. »
A méditer.
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NB : Le titre de ce billet fait évidemment référence à un ouvrage que tout bon géographe se doit d’avoir lu : La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre, du grand Yves Lacoste (1976). Je ne l’ai pas lu, concluez-en ce que vous voulez ! ;-)
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