« Colore le monde », chantent Les Innocents. Mais voilà, personne n’est innocent lorsque l’on parle de misère urbaine, et surtout pas les acteurs de la ville qui s’évertuent à appliquer cette belle candeur au pied de la lettre.
Dans son dernier billet, Transit-City évoque ainsi deux exemples navrants, l’un au Mexique (la ville d’Ixtapaluca, dans la banlieue de Mexico), la seconde dans une favela carioca, par le collectif Favela Painting (ne les accablons quand même pas trop, ça part sûrement d’un bon sentiment). Résumé en un mot : « quand une certaine misère urbaine, réelle ou conceptuelle, tente de se cacher sous des flots de couleurs criardes ». Tout est dit.
Ajoutons un troisième exemple à cette liste (que l’on pourrait largement allonger), avec cette récente pub pour les peintures Dulux Valentine au titre évocateur : « Let’s Color » (ici en version longue). Admirons :
« lol wizz mdr, la vie est tellement plus belle avec un coup de peinture! »
Sérieusement.
Aucune leçon n’a été tirée de l’urbanisme post-45 ?!
On dirait une caricature de « projet » politique en zone trop sensible, quand une institution se dit qu’un coup de kärcher coloré et fleuri résoudra le mal-être d’un territoire. Je ne peux que regretter que de telles pubs fassent le buzz et participent ainsi à la diffusion de cette conception (volontairement ?) naïve de la rénovation urbaine.
Je préfère de loin une initiative colorée comme celle de Dispatchwork (cf. Le Lego, pansement de la ville ?), qui a le mérite de révéler les bobos de la ville plutôt que de les enterrer sous une couche de peinture.
Voilà, c’était mon premier billet énervé. N’hésitez pas à faire part de vos réactions dans les commentaires :-)
Voici une autre démarche intéressante qui prend le contre pied de ces « cache-misères » : http://www.womenareheroes.be/
Entièrement d’accord ! Révéler l’intérieur plutôt que vouloir masquer l’extérieur, c’est exactement ça !