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Spider-Man EST New York

Le 24 octobre 2012 - Par qui vous parle de , , , dans parmi lesquels

[ Avant-propos de Philippe : Nouveau billet de Matthias Jambon-Puillet, aka LeReilly, qu’on est toujours ravi d’accueillir ici. Le billet qui suit ne déroge pas à la règle, et nous aura littéralement coupé la chique.

Pour rappel, [pop-up] urbain est dédié à l’influence des cultures populaires sur la fabrique de la ville. Or, comble du bonheur, ce qui suit en est l’un des témoins les plus concrets (à mettre en lien avec ça). Merci à Matthias pour cet exemple qui mêle transmédia, marketing et scénographie urbaine, de la plus belle des manières. ] 

La meilleure scène d’Amazing Spider-Man a lieu vers la fin du film. Spider-Man est blessé, boitille, et doit traverser la moitié de la ville pour la sauver. Un ouvrier, dont il a sauvé l’enfant quelques jours plus tôt, voit le calvaire du héros à la télévision. Parce qu’il est le seul à pouvoir l’aider, il contacte tous les chantiers le long de l’avenue et ordonne aux grutiers de se placer perpendiculairement à la rue. De cette façon, Spider-Man dispose de prises pour sa toile et va pouvoir traverser Manhattan à toute vitesse. Frisson du spectateur, quand la ville rend à son héros, lorsque New-York participe toute entière à son propre sauvetage.

« Tu t’en prends à Spider-Man, tu t’en prends à New-York ! »

Cette réplique est tirée du premier film Spider-Man de 2002. Le super-héros est sauvé des griffes du Bouffon Vert par les badauds qui jettent briques, canettes et autres objets sur le Bouffon Vert. La légende veut que cette scène ait été ajoutée après la catastrophe du 11 septembre, dans un souci d’unité New-Yorkaise. Si elle aura fait rire hors des Etats-Unis, elle démontre, tout comme son équivalent 2012, à quel point Spider-Man est le héros New-Yorkais par excellence.

Peter Parker vit dans la banlieue résidentielle du Queens, étudie dans une école publique, et combat le mal au niveau de la rue, le plus souvent éloigné des monstres intergalactiques et conflits internationaux. Pur produit de la ville de New-York, il est à la fois détesté et adulé de ses concitoyens. Dans les numéros récents du comic, l’éditorialiste Jonah Jameson est devenu maire de la ville et dépense l’argent du contribuable dans une brigade surarmée anti-spider-man. Mais pourtant, à chaque fois le moment venu, Jameson accepte l’aide de Spider-Man, le supplie de sauver New-York.

Cette ambivalence est une représentation du melting pot qui anime la capitale du monde, aux habitants tous différents, capables de se hurler dessus pour rien, mais qui feront toujours front lorsqu’il s’agit de défendre leur ville. Spider-Man en est la représentation en bande-dessinée, car qu’ils l’aiment ou le détestent, les New-Yorkais finissent toujours par le défendre.

Dans la récente mini-série Spider-Island, tous les habitants de Manhattan se retrouvaient dotés des mêmes pouvoirs que leur héros. La ville toute entière était à l’image de son protecteur. Bien sûr, l’histoire tourne mal, et c’est finalement Spider-Man qui arrive à tout faire rentrer dans l’ordre. Alors qu’il se demande si quelqu’un le saura un jour, les lumières de l’Empire State Building passent au rouge et au bleu, les couleurs de Spider-Man. La ville remercie son héros.

Fin juin, pour la sortie du film Amazing Spider-Man, les équipes marketing de Sony à réussi à convaincre les équipes de l’Empire State Building de reproduire cette scène iconique.

Pour une nuit, tout en haut de New York, les lumières se sont allumés de rouge et bleu. La réalité rejoignait la fiction, prouvant si besoin l’était encore, que Spider-Man est, plus que toute autre icône, réelle ou imaginaire, l’âme de New York.

[Photo prise par le scénariste du comic-book. Surréaliste.]

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