[Note de Philippe G. : accueillez comme il se doit le second billet de Philippe H. ! Après s’être fait l’avocat de l’urine en ville, il s’attaque ici à la morosité des transports sous le patronat de Beth Dito ; tout un programme !]
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Dans un récent billet consacré “aux mobilités urbaines”, Philippe G. prenait pour témoins un trio remarquable : Paul Virilio, Hartmut Rosa et Oxmo Puccino. Ma muse à moi est également impressionnante, mais d’énergie cette fois : Beth Dito, voluptueuse chanteuse de Gossip.
Ceci a également été exprimé par un “pop-up” organisé dans le métro parisien par la marque Eastpak :
On retrouve ici et dans bien d’autres exemples l’esprit des flashmobs, s’appuyant donc sur le bouche à oreille des réseaux sociaux. L’idée suggérée est simple : faire la fête dans les transports, ou faire des transports une fête. Avec un double objectif : d’abord, de ludifier la mobilité, mais aussi – et grâce à cela -, de lui donner de la contenance, ou plus exactement, une autre que contenance que la simple routine du déplacement quotidien.
Car quel qu’en soit le moyen, nos déplacements quotidiens sont marqués par un objectif qui inhibe de facto toute envie/possibilité de ‘se lâcher’ : vous prenez votre voiture ou n’importe quel transport en commun pour aller sur votre lieu de travail, vous marchez pour vous rendre à l’épicerie, vous joggez pour faire une boucle et revenir chez vous, etc. La véritable promenade sans but, sans itinéraire et, pour reprendre la terminologie de Paul Virilio, sans “oeillères”, est beaucoup plus rare, voire inexistante. [Note de Philippe G. : sauf cas exceptionnel, mais on y reviendra.]
Les transports en commun sont marqués d’un imaginaire terne, ennuyeux et contraignant de par son rattachement à la routine (métro-boulot-dodo). Sachant que l’une des vocations de la fête est de se libérer de se genre de diktat, il n’est pas étonnant que les deux mondes montrent des difficultés à cohabiter. Qui n’a jamais eu à subir quelques regards culpabilisants parce qu’il était un peu bruyant – ou simplement parce qu’il tenait ‘l’objet’ du délit : une bouteille ouverte ou même fermée, comme c’est arrivé à l’une de mes amies dans le métro lillois… – ?
The Gossip, Eastpak, et les autres proposent donc de renverser la situation en mettant l’événement au centre de l’outil de transport. On pourrait même imaginer une utilisation de ce mode de transport en commun, uniquement pour la fête qu’il génère, sans même avoir de destination préalable. Utopiquement (mais que ferions nous ici si nous ne l’étions pas ?), on peut difficilement rêver mieux comme découverte aléatoire de la ville, monter dans une fête pour parcourir la ville, et sortir d’une fête pour la redécouvrir. Voilà une idée qui aurait certainement plu à notre ami James Arch.
[Je fais ici et dans le titre référence au Bus Palladium, un “club rock” parisien (Pigalle) qui tire ses origines d’un concept fort. Dans les années 60, James Arch et sa vingtaine d’année commence non seulement à produire des soirées, mais également à organiser un ramassage dans les banlieues. Il entendait ainsi permettre à ces jeunes de sortir, auparavant bloqués par la distance et les “physionomistes” de l’époque. Les infos sur wiki mais surtout sur le site du bus.]
Merci beaucoup Philippe H pour votre article tout à fait dans l’air du temps!
« les marques soutiennent de plus en plus des happenings du style flashmobs ou gags pour créer le buzz… ça marche parce que ça véhicule des valeurs simples et positives! Récemment « une mutuelle » sur le parvis de notre Dame http://www.youtube.com/watch?v=Doy6JQ5CoLE
Il est de plus totalement vrai que pour sortir de la routine metro boulot dodo il serait fort agréable de monter à bord du bus de Beth Ditto!!! c’est quand la prochaine bussoirée?
Merci pour cet agréable commentaire!
Pour répondre à ta question, c’est de dernière minute, et pour les parisiens, mais les nuits capitales (www.nuitscapitales.com) ont lieu en ce moment (du 17 au 21 Novembre). Et la fête dans les transports sera expérimenté à cette occasion: concerts dans le métro (station Châtelet), DJ sets sur les Bateaux Parisiens, et bien d’autres choses, y compris les soirées bus (http://www.soireebus.fr/).
Des initiatives plus qu’intéressantes, alimentant les Etats Généraux des nuits parisiennes (http://www.lemonde.fr/culture/article/2010/11/13/paris-se-reve-a-nouveau-en-capitale-nocturne_1439414_3246.html) (merci à Philippe Gargov pour le lien).