« Ils me plaisent ces amoureux perdus dans la translation de l’escalator. Ca ne dure jamais longtemps un bisou d’escalator parce que tous les escalator ont une fin, qu’il faut veiller, à l’arrivée, à ne pas tomber, les bisous d’escalator sont des coquelicots parce que le rayon linge de maison n’attend pas. L’escalator emporte des bisous qui ne durent qu’un temps mais ce sont des bisous quand même et ils me rendent moins fatigants les samedi matins dans les grands magasins. »
… et dans le métro, aimerait-on ajouter à ce joli texte de David Abiker. « Les escalators sont des machines à bisous », dit-il, avec leurs codes et leurs routines :
« Il font tous la même chose et profitent des hautes marches de l’escalier en ferraille qui déroule sa lente marche ascensionnelle. Lui, le garçon descend d’une marche, il se retourne vers elle qui est restée sur la marche du dessus. Une fois n’est pas coutume, elle est plus grande que lui et leurs visages se font face à la même hauteur ou presque. Alors ils en profitent et se donnent un bisou d’amoureux, un bisou d’altitude partagée. »
J’aime aussi ce commentaire d’un certain Nicolas :
« Les bisous d’escalator sont les plus beaux, nés dans l’urgence ils s’épanouissent par leur éphémérité.
Ce sont les bancs publics du XXIe siècle en quelques sortes … »
Tout est dit : dans la « ville liquide », marquée par l’urgence imposée par le « dogme du mouvement », chaque instant de répit est une occasion d’enchantement, d’autant plus furtif que le répit reste éphémère car cloisonné. Alors, on en profite. Quelques secondes empruntées sur le flux-roi, c’est un baiser volé, un clin d’oeil séducteur ou un regard d’enfant jeté vers le ciel. Qu’importe, pourvu que l’on s’émoustille !
Dans la même veine, émoustillez-vous à votre tour avec cette jolie vidéo, découverte via Rue 89. Histoire de ne pas oublier que ces instants de rêverie restent nos meilleurs remparts face à l’accélération de nos quotidiens. Malgré leur fin parfois abrupte, qui nous fait cruellement revenir à la réalité de nos routines ;-)
Pour aller plus loin : Faut-il équiper les villes de trottoirs roulants, Tom Vanderbilt fait le point sur le mythe des trottoirs roulants.
Mettons nous bien d’accord : les enfants n’ont pas d’âge ! ;)