L’évocation de la mort a beau être partout dans nos villes proprettes, elle n’en est pas moins cachée. C’est bien dommage.
Pour comprendre l’ambigu rapport qui lie les Occidentaux à la mort, rien ne vaut une balade urbaine. La ville contemporaine est en effet le miroir à peine déformant de notre distanciation vis-à-vis de la mort, qui se matérialise très concrètement par la mise à l’écart… de nos défunts. Il suffit de relire, au hasard, Michel Foucault pour en prendre la mesure:
«Dans la culture occidentale, le cimetière a pratiquement toujours existé. Mais il a subi des mutations importantes. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le cimetière était placé au cœur même de la cité, à côté de l’église. […]
C’est à partir du XIXe siècle seulement que l’on a commencé à mettre les cimetières à la limite extérieure des villes […] et qu’on a commencé à procéder aux déplacements des cimetières vers les faubourgs. Les cimetières constituent alors non plus le vent sacré et immortel de la cité, mais « l’autre ville », où chaque famille possède sa noire demeure.»
Michel Foucault, «Des espaces autres»
Conférence donnée en 1967 et publiée en 1984
Ce rapide survol de mutations séculaires voire millénaires pose le doigt sur le nœud du problème. Nous en payons encore aujourd’hui le prix, la mort demeurant un tabou dans nos sociétés — malgré les «selfies at funeral» qui prouvent en un sens qu’un autre deuil est possible…
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