Banalité urbaine
Bong Joon-ho se sert d’abord de la ville pour raconter un quotidien, encadrer une action sans pour autant que les spectateur·trice·s ne soient perdus. Dans la plupart de ses films, les actions ne sont pas directement spatialisées : on ne sait pas trop dans quel coin de Corée du Sud l’on se trouve lorsque l’on est devant Barking Dogs Never Bite, Memories of Murder, Mother ou Okja. En ne situant pas vraiment l’action, on se dit qu’elle peut avoir lieu partout, y compris dans le cas de scènes violentes (meurtres, cruauté envers les animaux ou encore élevage d’espèces transgéniques).
Aussi, les films du réalisateur mettent souvent en scène des protagonistes aux personnalités peu remarquables, et issus de classes moyennes ou inférieures. Ils habitent des complexes d’immeubles, de petites fermes sur les hauteurs d’un village, ou des entresols insalubres. Ils travaillent dans des gargotes le long du Han ou dans des commissariats miteux. Ancrés dans ce quotidien banal, ils se voient confrontés à l’inhabituel, voire l’innommable dans différentes intrigues. Surtout, ces cadres urbains les confortent dans leurs statuts. Car la ville de Bong Joon-ho est aussi un diviseur social.
Déterminisme social
Il y a un engagement certain chez Bong Joon-ho, qui remonte dès avant qu’il ne devienne réalisateur. Parmi les cinéastes qui l’ont marqué, il cite Henri-Georges Clouzot, Martin Scorsese et Claude Chabrol. Tous trois ont tourné des films sociaux, montrant l’écrasement des petits faces aux grands, et les luttes – parfois vaines – qu’ils mènent pour sortir de leur condition. On retrouve en effet largement ces thèmes dans le cinéma de Bong.
Lire la suite sur Demain la ville, le blog urbain de Bouygues Immobilier