Dans le dernier volet de notre série sur les marchés, nous nous intéresserons à sa forme la plus ancienne et basique : les marchés ambulants. Car après le marché spécialisé, le marché ouvert, le marché couvert et le marché clandestin, on ne pouvait pas oublier le marché originel, le plus ancien, celui qui a lancé l’activité commerciale dans différentes parties du monde…
Là où tout a commencé
Car avant que le marché ne devienne un lieu, c’est avant tout une activité. Quelqu’un possède et/ou produit des biens, il ou elle peut les échanger contre d’autres biens (matériels, puis plus tard monétaires). Si les premiers échanges se font en voisinage, au fil du temps on va se déplacer pour se procurer des biens dont on ne peut disposer dans son immédiate proximité. Les premiers marchés se structurent, et avec eux, les premiers marchés ambulants, les acquéreurs mobiles étant aussi vendeurs. Le commerce ambulant se poursuit partout dans le monde dans l’Antiquité.
Mais c’est vraiment le Moyen Âge, avec ses nombreuses foires, – notamment les foires de Champagne[1] – qui constitue l’âge d’or du commerce ambulant. Idéalement situées entre la Mer du Nord et la Ligurie, sur le tracé des anciennes voies romaines, les villes qui accueillaient temporairement (mais pour une durée de 6 semaines au minimum tout de même) ces foires annuelles ont connu un essor important. Il s’agit de Lagny-sur-Marne, Bar-sur-Aube, Provins et Troyes. Lors de ces foires, marchands flamands, français et italiens, mais aussi anglais, allemands ou espagnols, se retrouvent pour échanger des marchandises en gros venant de tout le monde connu. Et si elles changent de lieu au rythme des saisons, c’est moins par spécialisation que parce que le pouvoir politique en place, les comtes de Champagne, veut développer ces 4 villes situées sur son territoire. Les comtes de Champagne mettent en place des politiques tarifaires et fiscales particulièrement avantageuses pour les marchands, locaux comme étrangers, qui ont donc tout intérêt à mener leurs affaires durant les foires.
Car le marché ambulant médiéval attire les foules. On vient pour les marchandises, évidemment, si l’on est fortuné[2]. Sinon, on vient pour les nombreuses animations,religieuses comme festives, les échanges culturels[3], ainsi que les opportunités de business plus ou moins légales.
Des marchés guidés par les événements
Si les foires de Champagnes n’ont pas survécu au XIVe siècle[4], il n’en reste pas moins que le concept des marchés ambulants a perduré. Mais plus à la même échelle. D’abord parce que le développement des infrastructures routières et fluviales dès le XIIIe siècle, puis bien plus tard celui du chemin de fer, ont rendu les déplacements plus sûrs et rapides pour les clients : on se rend directement dans une ville réputée pour sa spécialisation, plutôt que de passer par l’intermédiaire de marchands. Et surtout, avec la mondialisation en marche à l’époque contemporaine, les hubs commerciaux se multiplient, ne nécessitant donc plus ces grands rendez-vous ponctuels que sont les foires.
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