En juin 2020, les images virales de manifestants afro-américains montés sur des chevaux à Houston nourrissaient de façon marquante la vague de protestations consécutive à la mort de George Floyd. Dans un État conservateur comme le Texas — où des policiers blancs à cheval tiraient un an plus tôt un homme noir avec une corde en pleine rue — ce défilé de cavaliers noirs le poing levé fut un symbole puissant de réappropriation des codes historiques de la domination blanche. Loin d’être cantonnée au seul mouvement Black Lives Matter, cette figure du cavalier urbain s’inscrit en réalité dans un corpus bien plus étoffé d’images recensées à travers le monde depuis une vingtaine d’années. Un imaginaire de la reconquête équestre qui déboule au galop pour bousculer les codes de la ville contemporaine.
Aurélien Gillier, photographe – série Les Cowboys sont toujours noirs, Ouagadougou, Burkina Faso, 2018
Chevaliers du ghetto
Avec la motorisation de nos moyens de transport et nos outils de travail, le cheval a pratiquement déserté l’espace urbain. Hormis quelques calèches pour touristes en goguette, le cataclop sur les sentiers bitumés ressemble aujourd’hui à un privilège que seules certaines instances (comme la police montée municipale et la Garde républicaine en France) sont autorisées à maintenir. Par conséquent, lorsque de simples citoyens se mettent en selle au beau milieu d’une métropole, c’est le rodéo médiatique.
Flâner dans la cité sur son fidèle destrier n’a pourtant rien d’illégal. Parfois, des citadins fougueux osent aller l’amble hors de leurs écuries. En France, la figure de proue de cette activité quelque peu cavalière est incarnée par un jeune Montreuillois du nom de Gamart Camara. Un Zorro des temps modernes portraituré par la photographe Henrike Stahl en 2017 et exposé aux Voies Off à Arles l’année suivante.
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