Que l’urbanisme transitoire soit une méthode enthousiasmante et prometteuse, c’est une chose. Qu’il puisse infuser durablement les démarches urbanistiques en est une autre ! Pour l’heure, difficile de répondre par l’affirmative. L’urbanisme transitoire est encore jeune et doit encore faire la preuve de son efficacité. Pour des lendemains qui chantent, les démarches transitoires doivent encore effectuer leur mue… Mais dans quelle direction ? La question est ouverte, et les perspectives de réponses nombreuses.
Après les premiers bouillonnements vient le temps de la stabilisation. Comme de nombreuses autres thématiques avant lui, l’urbanisme transitoire est entré dans une phase d’institutionnalisation. Les acteurs privés, et notamment les promoteurs, s’interrogent sur la rentabilité et l’efficacité de ces dispositifs. La Cité Fertile, un projet porté à Pantin par SNCF Immobilier et Sinny & Ooko, fait même partie des nominés aux MIPIM Awards 2020, un prix décerné lors du grand raout de l’immobilier international…
Des tensions à venir
Ils ne sont pas les seuls. Le monde de la recherche est évidemment mobilisé depuis de longues années. L’Etat commence à s’y intéresser, en impulsant divers projets d’études, potentiellement pour faire évoluer le contexte législatif et réglementaire. Les lieux transitoires s’inscrivent ainsi dans le prolongement d’objets urbains ayant connu une trajectoire similaire, à l’instar des squats culturels dans les années 90, et des tiers-lieux dans les années 2000. Plutôt logique, les espaces éphémères s’inscrivant précisément au croisement de ces deux items !
L’âge de la maturité semble donc en train d’arriver. Comme souvent dans ces cas là, cette évolution peut aussi faire hausser les sourcils voire grincer des dents. Une partie des acteurs étant issus des secteurs associatifs et culturels, ils peuvent voir d’un mauvais œil l’arrivée de structures capitalistiques dans le paysage. Celles-ci viennent avec des intentions qui peuvent sembler bien éloignées de la philosophie historique des démarches transitoires, par exemple en fixant des objectifs d’impact ou d’équilibre économique. En outre, certains projets peuvent être suspectés d’accompagner la montée en gamme d’un quartier, chevaux de Troie de la gentrification. Après des premières heures plutôt bienveillantes, l’urbanisme transitoire risque donc de connaître quelques périodes de turbulences inévitables.
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