La torpeur aoûtienne n’aura pas ébranlé notre envie de rester au contact de l’actualité des villes, et surtout de vous en faire profiter. Vous retrouverez donc ci-dessous, comme promis le mois dernier, le meilleur de notre veille quotidienne menée ces dernières semaines. La cuvée aoûtienne est d’ailleurs de grande qualité, entre ambitieuses sagas estivales et remises en question bien gratinées. Idéal, donc, pour préparer le retour au sérieux de la meilleure des manières ! N’oubliez pas de nous rejoindre sur Twitter ou Facebook si vous souhaitez suivre notre veille au quotidien et d’ici là, on vous souhaite une bonne rentrée des classes !
Les articles à ne pas manquer
– « Hyper lieux, les nouvelles géographies de la mondialisation » – Libération, saga de l’été 2017
C’est à Libé que revient la palme des Immanquables de l’été, avec sa série de onze articles consacrés au « hyper lieux » de la mondialisation. Des néons de Times Square au sable blanc de Rio, des vestiges de Hiroshima à ceux de Tombouctou, de l’effervescence de Lagos à celle de Tianjin, ces onze opus nous invitent au voyage autant qu’ils nous font réfléchir sur ces villes « qui s’affirment comme des « prises » sur la mondialisation, des attracteurs et des ancrages de la vie sociale« , selon les termes du géographe Michel Lussault, dont le dernier ouvrage a inspiré les articles en question. On appréciera donc ce remarquable travail de vulgarisation d’un monde en mutation, dont la complexité appelle des grilles de lecture plus nuancées que la simple équation « mondialisation = uniformisation ».
– « Noms des rues : «Depuis les années 60, la tendance est à la dépolitisation» » – Libération, 22 août 2017
– « La toponymie, outil essentiel de l’aménagement du territoire » – Corse Matin, 21 août 2017
Coïncidence du calendrier, deux articles sont tombés dans notre escarcelle à un jour de différence, avec un sujet commun pour le moins fascinant : la dénomination des lieux, et le rôle politique qu’elle peut jouer dans les territoires. Plus précisément, ce sont deux entretiens qui méritent d’être lus en miroir : le premier sur Libé avec l’historien Jean-Claude Bouvier ; le second dans Corse Matin (on aime la PQR chez pop-up urbain !) avec le chercheur Francescu Maria Luneschi, qui préside le Comité d’études scientifiques et informatiques de la toponymie corse. Ces deux entretiens viennent ainsi éclairer ce sujet passionnant et pourtant trop souvent mis de côté, qui en dit long sur l’importance de l’Histoire dans la (re)construction des territoires.
– « Le piéton perd-il la bataille de l’espace urbain? » – Slate, 10 août 2017
C’est un paradoxe que l’on explique pas : le piéton n’a jamais semblé si présent dans la pensée urbanistique, et pourtant celui-ci semble plus que jamais voué à rester relégué au ban de la réorganisation des villes, au moment même où les autos cèdent leur place à tous les autres modes – sauf le piéton. C’est en tous cas le point de vue de cet article Slate, peut-être un chouïa péremptoire mais qui soulève une vraie question de fond. Comment se fait-il que la marche ne soit pas toujours pas reconnue comme un mode de déplacement à part entière (dans les discours oui, mais pas dans les faits), alors que 60 millions de français sont piétons à un moment ou un autre de leur journée ? L’enjeu est de taille, ne serait-ce qu’en termes de sécurité et de bien-être, et exige davantage que de simples élargissements de trottoirs. Infrastructures, signalétique, voirie et bien évidemment passages piétons sont au premier plan de cette révolution nécessaire.
Le focus du mois : la voiture autonome roule au pas
Etrangement, ce mois d’août a vu un sujet en particulier ressortir. La voiture autonome, une thématique évidemment incontournable en prospective urbaine depuis des mois, mais qui semble avoir pris ces derniers temps un petit plomb dans l’aile. Comme le résume très bien le tweet qui suit, c’est l’hécatombe dans le secteur, avec de nombreux grands acteurs qui se retirent de la course après quelques expérimentations peu concluantes.
This s— is hard. pic.twitter.com/nfAwhrbBbo
— Amir Efrati (@amir) August 23, 2017
Mais l’on aurait tort de s’arrêter à ces quelques abandons, qui n’empêcheront pas d’autres acteurs de plancher sur la question – au contraire, cela pourrait permettre d’assainir un peu le marché, en évitant la course à l’armement un peu vaine qu’avait provoqué l’entrée de ces quelques grands noms dans la bataille. En réalité, le mal de la voiture autonome est plus profond, et commence à être relaté dans la presse généraliste ou spécialisée. La question de la coexistence des modes tend à se poser plus crûment, la VA étant difficilement compatible avec la cyclisation en cours des grandes métropoles. De même, la question des données émerge progressivement, et ne semble pas dégager de réponse claire à l’heure actuelle. Plus généralement, on sent frémir dans les médias et les réseaux sociaux une certaine remise en question de la voiture autonome, que les quelques articles ci-dessous retranscrivent pour partie. L’avenir dira s’il s’agit d’un petit accroc naturel, inévitable dans tout processus d’innovation, ou si cela augure un véritable épuisement du secteur…
– « Voitures autonomes contre cyclistes, la guerre sera bientôt déclarée » – Courrier International (traduit du Guardian), 25 août 2017
– « Who will own the data from your autonomous car? » – Naked Security, 16 août 2017
– « Plus d’un Français sur deux a peur des voitures autonomes » – Les Echos, 3 août 2017
– et pour le lol : « ‘Self-driving car’ actually controlled by man dressed up as a car seat » – Guardian Cities, 8 août 2017
L’infographie à ne pas manquer
– « A Glorious Infographic of North America’s Transit Fleets » – CityLab, 11 août 2017
Qui n’a jamais rêvé de compiler TOUS les modes de transports d’une ville, tel un herbier urbain rassemblant trains, bus et tramway dans leur plus simple appareil ? Pour notre part, nous en rêvions, et l’illustrateur Peter Dovak a comblé nos attentes (il était déjà l’auteur de sublimes mini-plans de métro). Ses planches recensent ainsi les différentes véhicules utilisées sur les réseaux de vingt-quatre villes nord-américaines, laissant entrevoir une insoupçonnée variété de formes et de couleurs. Seul hic, donc, seules les villes outre-atlantiques sont concernées. On attend donc qu’un.e illustrateur.rice s’en charge pour les villes hexagonales et européennes, histoire de compléter ce génial inventaire !
Le WTF à ne pas manquer
On nous avait promis des voitures volantes… à la place on a eu 140 caractères et des hamacs portés par des drones, c’est pas si mal au final. Il paraît qu’il s’agit d’un fake mais on s’en fiche, on rêve d’être à sa place plutôt que sur les bouchons du périphérique !
https://twitter.com/IamYoyo_/status/893911935326072837