Amorcé en mars dernier, on poursuit donc ce nouveau format en vous proposant notre petite sélection de veille mensuelle. Ci-dessous, un assortiment éclectique de liens qui nous ont nourris au fil du mois d’avril. On espère que nos choix combleront vos curiosités urbaines, qu’il s’agisse d’articles prospectifs pointus, de tendances prometteuses ou d’imaginaires inspirants.
Les trois lectures à ne pas manquer
La crise des #Commerces là où on ne la soupçonnait pas
– Derek Thompson, « What in the World Is Causing the Retail Meltdown of 2017?« , The Atlantic, 10 avril 2017
L’année 2017 est à peine ébauchée qu’elle se présente déjà comme une année particulièrement noire pour certaines enseignes du retail de grande échelle. Certains acteurs qui dominent le prêt-à-porter (qu’affectionne la jeunesse aisée américaine) traversent ainsi des difficultés économiques inattendues. Ce brillant article ferré sur The Atlantic développe pas à pas les causes de ces faillites, fermetures et crises de stocks aussi imprévues que déroutantes pour les géants du marché. Un must read pour qui s’intéresse aux vicissitudes du capitalisme contemporain et aux « sociologies » de consommation actuelles. A travers elles, on peut entrevoir les tendances qui influencent nécessairement la ville marchande de demain…
*Bonus track : sur un sujet proche dont on vous a maintes fois parlé – la mort des centres commerciaux -, on vous conseille cette chaîne Youtube repérée par Slate.fr : DEAD MALLS SERIES. Si vous appréciez l’esthétique 80’s et les ambiances post-apo, ces vidéos d’exploration de centres commerciaux abandonnés soulèveront forcément vos petits coeurs fragiles d’urbanos.
Les #Mobilités informelles s’offrent une nouvelle peau numérique
-Léa Wester, « Matatus : le transport artisanal devient-il tendance ?« , Forum Vie Mobile, 18 avril 2017
Les matatus, ces fameux transports collectifs artisanaux qui essaiment les routes de Nairobi (la capitale du Kenya) sont à l’honneur dans cet excellent article de Léa Wester. Après avoir rappelé la nature sociale et pratique de ces minibus informels, la géographe se penche sur les mutations eu cours de ce système de transport à l’heure où les technologies numériques s’insèrent partout dans la société kenyane. Le projet de recherche « Digital Matatus » s’inscrit ainsi dans un contexte global, cohérent avec les stratégies de développement national (« Kenya Vision 2030 ») et l’introduction remarquable des NTIC dans la vie citadine (équipements et usages).
Ces imaginaires qui font et défont le #MarketingTerritorial
– Michael Atlan, « Comment Los Angeles est redevenue la ville la plus cool d’Amérique« , Slate.fr, 2 avril 2017
Pop et prospectif, cet article fait une superbe analyse de l’esthétique discordante de Los Angeles. Le peigne fin de l’auteur passe en revue les qualités et les défauts de ce monstre urbain californien. Surannée, vulgaire, méritocrate, artificielle, piétonnophobe, la deuxième ville la plus peuplée des Etats Unis se referait petit à petit une jeunesse dans le cœur du grand public… Et il semblerait que la pop culture n’y soit pas pour rien ! Un billet riche sur les fluctuations de nos affections urbaines, et sur le rôle du discours artistique dans la construction de l’imaginaire collectif.
L’exposition à ne pas manquer
– « Junzo Sakakura, une architecture pour l’homme« , Maison de la culture du Japon à Paris, 26 avril – 8 juillet 2017
Lancée hier, cette expo raconte l’histoire du premier Japonais à avoir tissé des ponts avec la France dans le domaine architectural (années 1930). Précipitez-vous dans le haut lieu de la culture nippone à Paris si vous souhaitez découvrir le travail de ce disciple oriental de Le Corbusier, en contemplant photographies, vidéos, maquettes, plans, et autres pièces de mobilier.
La publication à ne pas manquer
-Aurélien Bellanger, Le Grand Paris – roman, Paris, Gallimard, 2017
Chinée et commentée par nos mentors de Métropolitiques, cette fiction teintée d’ironie et de « décadence civile » est décrite par Matthieu Flonneau comme une sorte d’essai romanesque sur la « métropole parisienne à venir – mais en fait déjà là »1. Cette institution urbaine mutante semble être décrite, ressentie, imaginée avec justesse et piquant par Aurélien Bellanger. En attendant de vous procurer le « roman » de cet urbanos désenchanté, dévorez sans plus attendre le commentaire passionné qu’en a fait Métropolitiques.
L’émission de radio à ne pas manquer
-Florian Delorme, « Dans les entrailles de la Terre (4/4) De New York à Copiapó: ces sociétés souterraines« , CulturesMonde sur France Culture, 6 avril 2017
La ville souterraine, ce n’est pas seulement un archétype fantasque de la fiction post-apocalyptique. Dans cette heure d’émission, des tranches de vies souterraines bel et bien réelles s’exposent, et rendent manifeste un mode de vie à part mais on ne peut plus contemporain…
La vidéo à ne pas manquer
Veille un peu simpliste quand on sait qu’on vous conseillait déjà le Blow Up Arte sur la gare au cinéma le mois dernier. Mais que voulez-vous… Ce format pop et les thématiques urbaines traitées nous touchent tout particulièrement ! Dans celui d’avril la bagnole se met en scène de mille manières, alternant paysages routiers sans histoire mais hautement narratifs et habitacles scénaristiques prolixes, verbeux ou silencieux.
L’image à ne pas manquer
Chatelet les halles, illustration pic.twitter.com/eUL3LpJl4n
— MF Mood&Attitude (@OlBuddyBastard) April 16, 2017
Pour finir sur une note plus virale, on s’est dit qu’un « morceau choisi » sur les réseaux sociaux tombait à point nommé dans ces Immanquables d’avril. Twitter est un outil de veille prolifique autant qu’une plateforme d’échanges qui occupe une bonne partie de notre temps. Les plus petits comptes, pro ou perso, peuvent parfois publier des petites pépites de la vie courante, et devenir par ce biais une merveilleuse manière de nourrir notre veille. A l’instar des micro-vidéos de feu l’application Vine, l’image ci-dessus témoigne d’une pratique citadine aussi surprenante que probante. Cette « ruse » de l’usager anonyme nous rappelle sans trop d’effort la théorie de « braconnage culturel » de Michel de Certeau, appliquée ici à la ville. Ainsi, lorsque les infrastructures officielles ne permettent pas de répondre aux besoins des citadins, ces derniers n’hésitent pas à détourner l’équipement existant pour combler ce manque.
- Punchline qui aurait clairement pu figurer dans le chapô de notre tribune « Le Grand Paris, une cocotte-minute à imaginaires » publié sur le blog Libé de Enlarge Your Paris [↩]