Les articles à ne pas manquer
– Anna Sauerbrey, « Are Germany’s Garden Gnomes Endangered?« , The New York Times, août 2018
Au-delà de ce titre génial, et de l’idée dramatique que les nains de jardin soient une espèce menacée, se cache un brillant article sur la mutation socio-urbanistique des villes. En prenant pour point de départ les « Kleingärten », ces petits jardins populaires emblématiques de l’urbanité germanique, l’autrice nous offre une brillante démonstration sur la gentrification de certains quartiers berlinois. Car dans les villes denses, qui de surcroît connaissent une pression immobilière croissante depuis bientôt deux décennies, la rareté de l’espace se traduit inévitablement par le grappillage des moindres mètres-carrés disponibles, en l’occurrence ici les petites portions de verdure interstitielles. Au bout de cette chaîne alimentaire du foncier, les nains de jardin font alors office de symbole d’une forme urbaine en voie d’extinction.
– Rowan Moore, « An inversion of nature: how air conditioning created the modern city« , The Guardian Cities, août 2018
La vague de canicule qui a touché le globe cet été a ramené sur le devant de la scène l’épineuse question des climatiseurs urbains. Quiconque s’est déjà rendu dans un pays chaud est familier de ces blocs grisâtres qui parsèment les fenêtres de chaque logement et les toits de chaque mall. Si l’Europe est encore relativement épargnée, leur explosion dans le reste du monde pose de sérieux problèmes en termes de dépenses énergétiques et donc de réchauffement climatique. Mais la question se pose aussi sur le plan philosophique : quel prix l’humanité est-elle prête à payer pour vivre en ville sans se soucier de son environnement ? En d’autres termes, est-il acceptable de vouloir vivre correctement dans un territoire où il fait trop chaud ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, la réponse n’est pas forcément la plus évidente…
– Jenny Cunningham, « Hungry for change: urban foragers take the law into their own hands« , The Guardian Cities, août 2018
L’essor des fermes urbaines et autres projets de « ville potagérée » sont l’arbre qui cache la forêt de l’alimentation urbaine au sens large, qui prend parfois des formes très étonnantes. Le Guardian Cities vient ici porter ses lorgnettes sur un sujet fascinant et pourtant méconnu : le retour des « cueilleurs » en ville. Aux USA, le phénomène réémerge progressivement, au point d’obliger les collectivités à moduler leur législation. Une ville comme Seattle compte ainsi plus de 450 plantes comestibles dans ses parcs publics : graines, fleurs et même fruits n’attendent que d’être récoltés par les citadins les plus gastronomes. Paradoxalement, ce ne sont pas les urbains dans le besoin qui partent en cueillette au quotidien, faute peut-être de bien connaître lesdites plantes comestibles… En creux, ce beau sujet soulève aussi la vaste question du rapport qu’entretiennent les citadins à la nature qui les entoure – et plus précisément de la grande méconnaissance que nous en avons encore.
Le podcast à ne pas manquer
– Le Lieu Commun #3 – Prendre l’aire
Déjà le troisième épisode de notre trio de podcasteuses préférées ! Après la découverte des villes, puis le lien entre ville et cinéma, la team Claire Morgane & Lucie s’attaque à un sujet qui nous est cher : les aires d’autoroutes, trop souvent mal-aimées, et qui pourtant se révèlent de formidables fragments d’urbanités estivales ! En guise de bonus à lire pour compléter cette écoute, un article sur « l’art d’autoroute » (Mathilde Damgé, Le Monde), ainsi qu’un twitto-reportage du journaliste Adrien Franque (Libération). De quoi oublier que les vacances sont bientôt finies, et avec elles les road-trips vers Palavas !
L’expo à ne pas manquer
Si vous nous suivez assidûment depuis quelques années, vous n’êtes pas sans savoir que nous avons développé une certaine passion pour la ville japonaise, qui confine parfois à l’obsession. Ne vous inquiétez pas, on se soigne, notamment par le biais de la pop-culture nippone qui nous permet d’étancher notre soif, au premier rang desquels les animes et mangas. Ceux-ci sont en effet les meilleurs témoin d’une résonance mimétique entre urbanités et culture populaire ; une résonance qui sera justement le sujet de la prochaine exposition « Manga ↔ Tokyo« , qui se tiendra à La Villette du 29 novembre au 30 décembre prochain !!!
« Comment Tokyo a inspiré les personnages et les histoires au fil des années ? Comment la Pop Culture a représenté Tokyo ? Comment ces représentations ont affecté ou enrichi la vraie ville ? Cette exposition explore l’interaction entre les personnages de fiction et l’environnement urbain au Japon. »
On s’y rendra évidemment dès l’ouverture, en essayant au passage de vous ramener quelques photos, et pourquoi pas un véritable reportage et des interviews. Et pourquoi pas organiser une sortie groupée avec celles et ceux qui parmi vous seraient intéressé·e·s ? On en reparle à l’automne !
L’appel à contributions à ne pas manquer
La gratuité des transports publics a le vent en poupe : au 1er septembre prochain, c’est Dunkerque qui sautera dans le grand bain, devenant la plus grande agglomération française à expérimenter la gratuité… En attendant que la capitale franchisse le pas ? Anne Hidalgo l’avait évoqué au printemps ; et en juillet, la Mairie de Paris a donc officialisé un alléchant « appel à contributions sur la gratuité des transports« , qui lui permettra de plancher sérieusement sur la question. Nous avions oublié de vous en parler le mois dernier, mais comme il n’est jamais trop tard…
La deadline étant fixée au 10 septembre, n’hésitez pas à profiter de la torpeur aoûtienne pour participer, si le sujet vous tient à cœur ! Et même si l’on se méfie toujours un peu de ces « appels à contributions » lancés par les collectivités (qui sont souvent un prétexte pour récupérer du jus de cerveau à peu de frais), on se dit que l’occasion est trop belle pour rater l’opportunité d’amener la gratuité sur le devant du débat public. On en reparlera très prochainement, dans la foulée des premières « Rencontres des villes du transport gratuit« , qui auront lieu les 3 et 4 septembre prochain… à Dunkerque, bien évidemment !
La vidéo à ne pas manquer
Pourquoi les immeubles de Hong-Kong sont-ils troués ? Pour laisser passer les dragons célestes, évidemment ! On n’y pense pas assez quand on façonne une ville, et pourtant : les créatures du folklore devraient évidemment avoir droit de cité dans nos jungles de béton… Cette vidéo du webzine Vox s’est donc rendue sur place pour comprendre comment les mythes locaux influencent l’architecture de l’île. C’est jouissif et passionnant, et on se prend à rêver de voir des dragons voltiger dans le ciel de La Défense !