Chaque mois, on vous livre dans ces colonnes les liens marquants de notre veille quotidienne. Au menu du jour : des articles en anglais bien deep, une interview passionnante, un jeu vidéo qui vient redorer le blason des imaginaires urbains, la vraie cartographie du Grand Paris, et une playlist qui va vous transporter…
Les articles à ne pas manquer
-Kriston Capps, « Against Little Free Libraries« , CityLab, 3 mai 2017
Ce dense article vient décrypter les effets indésirables d’une petite branche de l’économie du partage que nous connaissons toutes et tous : celle des « boîtes à livres » qui essaiment nos petites et moyennes villes depuis quelques années. Ces sont ainsi devenues en peu de temps l’incarnation la plus courante de l’échange à l’échelle du quartier, voire de l’immeuble.
D’expérience, lorsque l’on croise l’une de ces mini-bibliothèques (où se battent généralement en duel une poignée de mauvais livres) au détour d’une ruelle, l’utopie du partage florissant entre voisins n’est jamais très convainquant. Le mauvais état du casier à dons, ou encore l’absence manifeste de renouvellement des objets accueillis, nous frappent en effet régulièrement. Cependant, l’article de CityLab pointe un dysfonctionnement d’une autre nature, plus complexe à mesurer. L’article explique ainsi les guéguerres entre bibliothèques publiques et la fondation Little Free Library.
Entre autres, une étude des données de Little Free Library dans deux grandes villes canadiennes (Toronto et Calgary) a permis de montrer que l’implantation socio-spatiale des boîtes à bouquins pouvait être perçue comme problématique. Elles seraient majoritairement présentes dans des quartiers habités par une classe moyenne blanche, lettrée, ne favorisant a priori pas réellement un certain accès à la littérature pour des publics dans le besoin… Et si derrière chaque philantropie urbaine quelque peu brandée se cachait une sorte d' »auto-gratification habilement déguisée » ? Avant de passer à la suite, on vous laisse méditer sur cette vision cynique des partages citadins. Mais surtout, on vous invite à lire plus en profondeur ce pavé anglophone car il est en réalité très compliqué à digérer de façon trop simplifiée.
-Yiwen Zhu, « WeChat Smart Cities« , Urban Strategies, 15 mai 2017
Voici un excellent article prospectif sur le rôle socio-urbanistique d’une application multi-usages dans les villes chinoises. « WeChat possède sans doute la plus grande base de données du monde qui enregistre comment les gens utilisent leurs villes. » En six ans seulement, WeChat a su infiltrer le quotidien de plus de 800 millions de personnes. Le présent papier s’attache de fait à énumérer les multiples contours de cette plateforme numérique qui centralise de manière étonnante un certain nombre de pratiques urbaines chinoises.
« WeChat intègre presque tous les services dont vous pourriez avoir besoin dans une ville « au bout des doigts » : réservation des billets de train/d’avion et course en taxi, planification des rendez-vous médicaux, paiement des factures de services publics ou livraison des « enveloppes rouges » du Nouvel An chinois… Au centre, il y a un QR code qui relie l’application à l’ID personnel de l’utilisateur et à son compte bancaire. Aujourd’hui, les gens peuvent pratiquement vivre dans la ville sans argent. Même les vendeurs ambulants (et apparemment les sans-abris) peuvent accepter des paiements via WeChat en fournissant leur propre QR code. »
Pour ne rien gâcher, l’article d’Urban Strategies formule de pertinentes hypothèses prospectives quant à l’influence à venir d’un tel outil sur la constructions des smart cities chinoises.
L’interview à ne pas manquer
-Romain Mazon, “L’open data par défaut ne pourra pas se faire sans médiation numérique – Samuel Goëta”, La Gazette des communes, 16 mai 2017
Cela fait un moment que l’on suit les travaux de Samuel Goëta, dont la thèse portait sur le déploiement parfois houleux de l’open data dans l’Hexagone. En préambule des dix ans du mouvement, que l’on « fêtera » en décembre prochain, Samuel a donné une longue et passionnante interview à la vénérable Gazette des Communes, dont nous ne pouvons que vous recommander la lecture. En sus, on vous invite à jeter un oeil à datactivi.st, le projet qu’il a lancé avec Joël Gombin (l’un de nos fidèles complices depuis des années maintenant)… Mais avant toutes choses, délectez-vous de cet entretien-fleuve, qui pose un regard sans concession mais pour autant nuancé sur les heurs et malheurs de la donnée publique en France !
Le jeu vidéo à ne pas manquer
-Dean Takahashi, « VRobot lets you wreck a big city in virtual reality« , VentureBeat, 7 mai 2017
On en vient petit à petit aux liens plus légers mais non moins exaltants, avec la découverte du jeu vidéo VRobot. Développé par Luden.io (studio indépendant russe, et ancienne branche de Nival) pour la Epic Mega Jam 2016, VRobot est un jeu vidéo en réalité virtuelle et en accès anticipé depuis fin avril sur certaines plateformes de téléchargement. La version finale est pour l’instant annoncée (sur Oculus et Playstation VR) mais non jouable.
Ce qui nous intéresse surtout, c’est évidemment son univers. Il met en effet en scène des villes à parcourir en 3D, et ce dans la « peau » d’un robot géant… « The game is based on controlling a Giant Robot to clean the planet from cities, driverless cars and robots. » Un pitch qui ne pouvait que nous hyper à 3000%, vous vous en doutez ! Et même si la dernière vidéo de gameplay date d’avril, on ne peut pas vous laisser partir sans un petit visionnage :
La carto à ne pas manquer
On l’a fait tourné du mieux qu’on pouvait car c’est sûrement notre vrai coup de coeur de cette veille de mai : la cartographie rappocentrée du Grand Paris, postée par le daron du rap français Médine, et réalisée par Miloud2017 (dont on ignore tout, à par le blaze). Il faut dire que la cartographie se prête particulièrement bien à la visualisation de cette culture musicale. L’origine géographique fait ainsi partie des grands thèmes archétypaux du rap, présente dans les revendications, les lyrics et l’imaginaire global de cette sphère culturelle. En 2010 déjà, nous émettions le souhait d’admirer un jour une vraie belle cartographie du rap français (plus sérieuse que celle-ci), à l’image de la Rap Map ricaine que l’on commentait alors.
Cartographie du Grand Paris by Miloud2017 pic.twitter.com/9BpJitW7xi
— Médine (@Medinrecords) May 12, 2017
Bien qu’elle ne soit pas interactive, la présente carte rapologique nous ravit donc en tous points… D’autant qu’elle fait écho aux ébats culturels qui gravitent autour de la Métropole grand-parisienne depuis quelques temps, et dont on vous a parlé dans un beau billet-rebond sur la chanson collective « C’est nous le Grand Paris » (chapeautée par Médine, encore et toujours <3).
La playlist ne pas manquer
-David Dudley, « The very best songs about mass transit« , CityLab, 2 mai 2017
« We’re looking for the best songs about subways, buses, streetcars, and trains. »
Cette annonce aurait pu être la traduction anglaise de l’un de nos tweets routiniers, mais c’est bel et bien le chapô d’un article des génies de CityLab. Les transports en commun se racontent donc ici en chansons à travers une belle playlist Spotify, à consulter dès que vous serez posé-es dans le bus ou dans le TGV.
Bonus : nous avions nous-même compilé sur Youtube une poignée de clips faisant la part belle aux transports urbains collectifs !