« Swing down, sweet chariot, stop, and let me ride »
Dr Dre – « Let Me Ride«
L’été représente la saison par excellence des départs en vacances : celle où les casaniers ragent en silence devant les photos postées sur les réseaux sociaux par leurs amis partis à l’autre bout du monde ; celle où les plus chanceux (et les plus friqués) migrent ça et là pour se changer les idées, loin des quatre murs étouffants de leur quotidien. C’est dans ce contexte méta-réaliste que nous avons compilé ci-dessous nos différents billets consacrés à l’univers hip-hop, et plus particulièrement à son rapport multiple aux mobilités d’un côté, et à la sédentarité de l’autre. L’objectif n’est évidemment pas de redéfinir ce mouvement culturel et artistique déjà ancien, mais bel et bien de vous montrer certaines de ses facettes qui nous ont inspirés, et ce depuis les prémices du blog.
Lowriders : sursauts de basses sur la route de la fortune
A travers ce diptyque nomadisme/sédentarité, un classique des antagonismes socio-urbains, nous avons ainsi à maintes reprises relevé et analysé quelques-uns des codes du rap ou du b-boying. D’abord, le hip-hop incarne a priori l’une des galaxies musicales les plus stéréotypées en termes de moyens de transport. De la Chevrolet Suburban bulletproof du rappeur américain 50 Cent à la Lamborghini Aventador Custom’ du français Booba, la voiture personnelle (souvent de luxe) représente depuis toujours un must have de ces artistes venus de la rue pour tout niquer.
Atout bling bling pour draguer les filles, autant que symbole ultime d’une ascension sociale fulgurante et d’une certaine liberté (on fuit le contrôle des transports publics et on échappe à la police en appuyant un bon coup sur le champignon), l’automobile reflète tout un tas de codes fondateurs du genre depuis ses prémices. Comme l’une de nos grandes passions est justement de repérer l’évolution de ce type de symboles, nos archives intègrent une petite note de synthèse sur l’archétype de la bagnole comme élément-clé de la planète rap, et la manière dont il est aujourd’hui partiellement déconstruit :
Mais il n’y a pas que la voiture dans la vie, et c’est ce que nous nous sommes attachés à montrer en explorant d’autres visages de la mobilité rapologique… Vous trouverez donc, dans notre garage à imaginaires : des deux roues plus thug que jamais, du street-running augmenté, et le dernier joujou mobile des rappeurs… l’hoverboard à LED !
Dans « Provider« , Pharell Williams chante la livraison de drogue en BMX dans une suburbia ricaine des plus calmes
Au même titre que le rap, la danse s’est imposée comme fer de lance de la sphère hip-hop, et ce depuis l’émergence de ce terrain culturel fécond. Et s’il existe une infinité de façons de bouger son corps, le rapport à la rue et ses infrastructures tient depuis toujours une place prépondérante dans ces chorégraphies. Si c’est sans doute l’aspect de ce mouvement pop qu’on a le moins exploré, un courant new yorkais – plus particulièrement déployé dans ses rames de métro – avait attisé notre curiosité l’an dernier :
C’est enfin sous l’angle plus sociétal de l’immobilité que cette culture urbaine nous a séduit. La sédentarité peut en effet être intimement liée à la culture rap, qu’une certaine réussite sociale soit mise en cause, ou au contraire, une certaine précarité. De ce point de vue, on en revient à l’introduction du présent billet en rappelant que malgré toute la hype que le système vacancier peut porter, tout le monde n’est pas en mesure d’y participer pleinement.
D’ailleurs, puisque la saison du repos et de la relâche touche à sa fin, on retourne admirer les rides estivales d’Aelpéacha sur Périscope, et on vous laisse avec notre playlist placée sous le signe des congés en banlieue…