Concluons cette belle année 2011 par une superbe publicité1 … à consommer avec la modération qu’exige la trêve hivernale.
Une ode à la ville-orchestre (évidemment), certes assez lisse mais pas dénuée d’inventivité. On y voit clairement la pénétration du hacking urbain et du détournement dans l’imaginaire de la ville (qu’est-ce d’autre que « remixer la ville », sinon un mash-up ludique créé par les doigts d’un citadin touche-à-tout ?), porté notamment par des créations efficaces telles que le piano/passage-piétons (inspiré par le piano-marche de Volkswagen ?)
Au côté de ces remix relativement light, vous noterez la place qu’occupe l’ambiancement des façades, marotte des publicitaires en 20112 : ambiance techno, sons et lumières sous BPM, qui se traduit logiquement à coup d’enluminures sur tours de verre. Un chouïa regrettable à mon goût. On est d’ailleurs assez loin de la version flashmob de la campagne, plus humaine et diurne que le spot, mais finalement bien moins créative. L’occasion en tous cas de relire ces deux (vieux) billets sur cette « ville en streaming » qui s’annonce à grand renfort de marketing in situ : Pixels et gratte-ciels, et Ravalement de façades.
Par contre, on est encore loin de ma ville idéale : déjà parce que j’écoute de la meilleure musique (… ou pas…) ; ensuite et surtout parce que la mienne serait sponsorisée par de la bière, et non du whisky ! :D
Joyeux réveillon à toutes et à tous !
Belle trouvaille Philippe ! Dommage que ce soit une pub…
Cela me rappelle un vieux projet qui s’appelait Sonic City et qui permettait de jouer de la ville comme d’un instrument, simplement en s’y déplaçant (couvert de capteurs !).
Une vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=FJUWr0c4QF0 (ils auraient pu faire un effort de montage !)
Et le site web du projet : http://www.sics.se/fal/projects/soniccity/index.html
« Music creation with Sonic City is a co-production of user actions and urban conditions. It is experienced as a dynamic improvisation in context and continual rediscovery of everyday urban settings. Encounters, events, architecture, (mis)behaviours… all affect the music and become means of interacting with or ‘playing the city’.
In this project, we break out of traditional contexts for music creation to explore the creative potential within our local surroundings and mundane activities. Our intention is to expand the space of personal music creation by including mobile behaviours and large-scale spatial movement through urban landscapes as parameters in the electronic music composition. This opens new possibilities for individual creativity integrated into everyday life. Wearing Sonic City, anyone can experience a simple walk down the street as an expressive act, a path through the city as a personal composition. As a complement to lived urban experience, the resulting music is a new, intimate soundscape intended to enhance perception and encourage new uses of the urban landscape. »
Entre la pub que tu cites un peu trop lisse et le projet de recherche ci-dessus qui est plutôt abscons, je pense qu’il y a de la place pour un vrai projet artistique !
Pour cause de loi Évin, on ne verra sans doute jamais ce genre de spots de pub en France. Et puis, bon, J&B on a fait mieux comme whisky. ^^
Je découvre par là-même ton article sur le hacking urbain, ô combien intéressant et rempli de belles trouvailles.
Ces deux spots choisissent bien leur lieu pour être tourné : la métropole urbaine remplie de gratte-ciel pour l’ambiance nocturne ; la ville de taille moyenne tendance tiers-monde fêtard pour l’ambiance diurne. Manière de dire : on a plus de moyens mais moins de passion ?
Mince, j’ai validé trop vite, j’avais à préciser mon second paragraphe.
Les deux publicités sont quelque part à l’opposé l’une de l’autre. Pour l’ambiance nocturne donc, personnage seul dans une métropole urbaine remplie de gratte-ciel (et donc symbole opulent de richesse) ; pour l’ambiance diurne, groupe de personnages dans un ville de taille moyenne (tendance tiers-monde fêtard).
Par ailleurs, on a un autre exemple de pianescalier (oui, adoptons tous le mot-valise) dans l’immeuble Sony de Tokyo (plus ancien que celui de Volkswagen je suppose, puisqu’il est déjà présent dans le documentaire Sans Soleil qui date de 1982) et qu’on voit ici : http://www.youtube.com/watch?v=zxhf7PQw5iE&feature=related
Ça c’est du commentaire ! Je n’avais pas réfléchi à la problématique Evin, très juste.
Effectivement, c’est un peu le sentiment que donne la comparaison entre les deux spots… Impression assez étrange – et je trouve que ça manque de cohérence sur le plan marketing, mais c’est une autre histoire. Comme si la marque souhaitait plaire à tout le monde mais ne savait pas trop comment s’y prendre (logique, vu que ce n’est pas franchement possible sur ce créneau), et préfère donc tirer un peu dans tous les sens… En même temps, vu la très faible audience des deux spots (1 300 et 1 000 vues sur YouTube !), on peut espérer pour eux que ce manque de cohérence sera peut-être passé inaperçu…
Merci pour le pianescalier, je ne connaissais pas ! J’avais surtout inclus la référence à Volkswagen pour souligner le rôle croissant que joue la pub dans la fabrique de la ville, imaginaire ou non (cf. mon commentaire ici). A chacun de juger si cette tendance du « marketing is urbanism » est une chose positive ou non…