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Verticalités #3 – Pentes et escaliers, saines mobilités ?

Le 31 août 2012 - Par qui vous parle de , , ,

[Avant-propos : la saga des verticalités urbaines continue avec ce billet consacré aux sportivités, sujet qui nous tient particulièrement à coeur… Ecrit avec Julie Rieg du Groupe Chronos, dans le cadre de notre cahier prospectif commun.]

Qui dit hauteurs, dit effort. Si les toits peuvent faire office de terrains de sport à l’échelle de la ville (voir notre précédent billet ici), les pentes et escaliers ont aussi un rôle à jouer dans la « remise en forme » des habitants, à l’encontre des escalators et ascenseurs précisément conçus pour pallier ces nivellements parfois éprouvants. Troisième dimension de la verticalité, les pentes ont tout à gagner dans cette fabrique de la ville qui se fera nécessairement avec elles.

A New York, la « guerre aux escalators » fut par exemple la première action du responsable du Département Santé à son arrivée aux affaires, en 2010 : « Si nous avons su mécaniser l’effort physique dans nos vies [avec les escalators et ascenseurs], alors nous pouvons la « dé-mécaniser » tout aussi facilement.« , explique-t-il pour justifier ce mouvement vers la « Fit City ». Autre exemple de cette tendance lors du concours Transilien OpenApp, où le public avait nommé vainqueur une application permettant de calculer le nombre de calories perdues dans son trajet quotidien ; l’application avait d’ailleurs été proposée par une nutritionniste suite aux doléances de ses patients.

Des exemples loin d’être anodins, qui s’inscrivent dans une tendance plus large de promotion des modes actifs (marche, vélo, etc.). Dans ce contexte, la verticalité intervient comme levier de pratiques sportives semi-volontaires, s’inscrivant possiblement dans un programme sanitaire de remise en forme plus globale – à l’échelle d’un territoire, d’un opérateur urbain, d’un pays ? Attention toutefois à ne pas oublier les limites de la verticalité, et ses vices cachés. Ainsi, façonner l’urbanisme en fonction de nouvelles sportivités peut aller à l’encontre des enjeux d’inclusions qui doivent constituer la ville contemporaine, notamment par rapport aux personnes à mobilité réduite.

Pour aller plus loin :

Mais regardons plutôt le sujet sous son versant positif : pentes et escaliers peuvent aussi être un terrain fertile pour déployer la créativité des artistes, des opérateurs, des marques ou des habitants, qui mettent à profit le relief inhérent aux hauteurs de la ville. Là encore, ces lieux s’inscrivent dans le paradigme plus global des tiers-lieux, facilitant des usages nomades improvisés : boucler une présentation ou grignoter un sandwich en relisant ses mails. Là encore, les gares pourraient gagner à inclure ces pentes dans le parcours mobile du voyageur, plutôt que de l’abandonner à ses peines faute de lieux de sise convenables. A une autre échelle, on s’inspirera d’exemples architecturaux remarquables, tels que l’opéra d’Oslo dont les versants sont conçus comme une promenade, ou la gare de Naples réinventée par Silvio d’Ascia dont les pentes se muent en espaces publics.

Sittin On The Dock Of The Bay

Pour aller plus loin :

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1 commentaire

  • de fait, les personnes à mobilité réduite ne prennent pas les escalators, mais des ascenseurs OU des rampes d’accès ? l’escalator n’a pas été conçu uniquement pour « gagner » du temps sur les déplacements des actifs ?

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